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Dossiers de presse 2010



                                                   Paris Quartier d’été

                                                   du 14 juillet au 15 août 2010







Edito

"Fini de rire !", vous disions-nous l'année dernière… Mais nous n'étions qu'à moitié sérieux en vous intimant de ne pas l'être. Cependant, vous nous avez suivis, et nous sommes encore impressionné de cette adhésion : en effet, tous nous ont rejoints, et, dans une belle unanimité, plus personne ne rit. Merci de votre confiance ! Mais il suffit. Nous pensions avoir affaire à une crise, une phase aigue et qui trouve rapidement sa résolution. Sauf qu'il semblerait qu'en fait de crise, nous soyons plutôt confrontés à une vraie dépression, et il va falloir vivre avec. Suivez-nous donc aujourd'hui lorsque nous vous demandons de faire l'inverse de ce que nous préconisions l'année dernière. En 2010, il vous faudra plaisanter, rigoler, aimer, vous éclater, quoi… Contradictoire, direz-vous ? Inconséquent ? Pire, irresponsable ? Eh bien oui, complètement irresponsable ! Car, comme les artistes, les organisateurs de spectacles ne sont surement pas des gens sérieux. Le sérieux, c'est l'apanage de ceux dont c'est le métier. Les industriels, par exemple, sont des gens sérieux. Leurs discours en témoignent. Jamais ils ne porteraient atteinte aux forêts, aux animaux, à la santé publique ou aux neiges éternelles, ils sont bien trop raisonnables. Les chefs d'entreprise, eux aussi, sont des gens sérieux. Leurs rémunérations en témoignent. Jamais ils ne manqueraient à leur légitime responsabilité envers leurs employés, ne serait-ce que parce qu'ils ont compris que de bonnes conditions de travail étaient garantes de bons résultats. Et il y a plus sérieux encore : les banquiers. Ce sont les plus sérieux de tous, leurs costumes en témoignent. Ils savent mieux que nous gérer notre argent et s'acquittent de cette lourde tâche avec prudence et sagesse, assumant seuls les conséquences de leurs décisions. Mais, la culture, c'est autre chose : c'est n'importe quoi ! Voilà pourquoi il faut nous encadrer, nous réviser, mesurer notre créativité, évaluer nos résultats, pour nous freiner si besoin est. Qu'est-ce que c'est encore que ces folies : accrocher des miroirs dans les arbres, monter un théâtre au Palais Royal, faire entendre des chants soufis dans l'une de nos plus belles églises ou encore proposer une chorégraphie dansée par des oiseaux ? Alertes, et craignant la vanité de nos entreprises, nous avons décidé de nous remettre en question. Pour recommencer sur de saines bases, nous nous en sommes remis à l'autorité du dictionnaire de l'Académie française. Qu'est-ce au fond que la culture ? Nous l'avons découvert avec embarras. "L'amélioration du milieu naturel par un labeur méthodique, en vue d'en tirer des fruits." Dire que, depuis vingt ans, Paris quartier d'été faisait tout autre chose…


Patrice Martinet


Paris quartier d'été, maison fondée en 1990


Circulez, il y a tout à voir ! Paris quartier d'été, c'est un peu comme Paris : une somme de carrefours et de croisées, de perspectives et d'avenues, avec des monuments emblématiques, des contre-allées, et une vie qui se déroule au-delà du périphérique, des Tuileries au canal de l'Ourcq, et du Palais Royal à Aubervilliers. Depuis vingt ans maintenant, le festival a tenu son pari : rechercher avant tout la mixité, le croisement des cultures et des êtres, la conciliation de l'avant?garde et du populaire, avec une programmation ou le monumental peut côtoyer le délicat, où de jeunes compagnies atypiques figurent au même titre que des artistes consacrés, où on peut jouer dans un musée comme dans un jardin de banlieue, dans des ors comme dans des usines. Nos principes fondateurs : alterner centre et périphérie, lieux fixes et lieux éphémères, spectacles payants et spectacles gratuits. Avec pour credo de "faire voir et revoir autrement", on s'est ainsi attaqué aux frontières géographiques et symboliques qui retiennent certains au seuil de l'opéra ou de la Sorbonne, et d'autres loin des gares de la petite ceinture ou des squares du XXe arrondissement. Année après années, nous avons inventé d'autres parcours dans la capitale, d'autres façons de la vivre, en amenant les Parisiens au spectacle, en amenant les spectacles aux Parisiens. Coulisses, marches, déambulations, navettes, surprises : le festival et les artistes n'ont cessé de proposer de nouveaux moyens de bouleverser les habitudes urbaines. On a donné des spectacles dans

Des piscines, dans des camions et dans des églises, construit des cirques sur les quais et des guinguettes sur les canaux, dresse des tentes, et même joue dans des théâtres… Bouleversement aussi en matière de programmation artistique, avec un éclectisme fait d'équilibres soigneux, d'antagonismes réfléchis, de complémentarités. Des choix parfois intrépides et souvent précurseurs : faire entrer, des 1992, les musiques tsiganes à l'opéra Garnier, puis, l'année suivante, l'Afrique, avec un opéra de Youssou N'Dour écrit pour l'occasion. Imaginer un cinéma en plein air à La Villette, proposer des concerts classiques gratuits et à ciel ouvert pour y faire entendre de grandes œuvres du patrimoine, hors des modes et des conventions. Mais aussi chercher les propositions les plus neuves de la danse contemporaine, tout en ressuscitant le bal populaire avec Yvette Horner. Inviter de petites compagnies qui seront bientôt grandes comme Royal de Luxe ou Achille Tonic, tout en redonnant sa primauté à un musicien comme Pierre Henry. Inviter des gloires internationales comme Merce Cunningham, Tony Servillo, Cheryl Studer, Israel Galvan, Mikhail Rudy, tout en présentant les nouvelles tendances du cirque… Offrir aux Parisiens la splendeur d'un défile japonais traditionnel se déroulant pour la première fois hors de Kyoto,

ou accueillir aux Tuileries les artistes de rue de la place Jamaa El Fna… Un patrimoine de près 2 200 représentations, de 300 lieux investis, de centaines et d'artistes issus de 80 pays…


Soirées flamenco - Por merendar  y trasnochar

Aux aficonados les plus pointus comme aux néophytes, Paris quartier d'été offre quatre grandes soirées qui témoignent de l'extraordinaire vitalité du flamenco actuel. A découvrir à la tombée du jour, l'ensemble Sistema Tango, qui relie Seville et Buenos Aires avec des accords inédits. Et, à la nuit, Pastora Galvan et Rocio Molina, deux danseuses inspirées et modernes, qui présentent pour la première fois leurs créations à Paris.

! Eso es !



Pastora Galván

Pastora

le 27 et 28 juillet

Palais Royal

Cherchez la femme... Au Palais Royal, on avait admiré en 2007 le grand danseur Israel Galván. Puis, en 2009, on avait découvert son père, José Galván. Il était grand temps d'être ébloui par la petite dernière, Pastora Galván, carte cachée et carte maîtresse de cette grande famille flamenca.

“Fille de...”, “sœur de...”, sans doute. Mais elle est avant tout Pastora, titre qu'elle a donné à son spectacle, présenté à Paris pour la première fois.

Et si elle est la dernière à parler, elle n’est pas la moins éloquente, utilisant sa maîtrise de la grammaire du flamenco pour faire entendre ses propres arguments, rappelant que tout dans le flamenco est immémorial même si tout a été conçu avant-hier, et que l’avant-garde est sans doute la façon la plus efficace de consolider la tradition.


Ce n’est pas par manque d'imagination, qu'elle a intitulé son spectacle Pastora, mais probablement parce que son prénom reste la chose la plus difficile à faire entendre, accolé au célèbre nom de Galván. Un prénom que son père lui a donné, dit-elle, pour assurer son avenir de bailaora. Parlez-lui de prédestination... "Ma mère dansait quand elle était enceinte de moi. J'étais déjà dans l'académie de danse de mon père quand je n'avais qu'un an ou deux, et quand j'étais très petite, j'allais voir mes parents danser au tablao La Trocha. Je m'endormais dans les loges. En grandissant dans tel environnement, je ne pouvais que devenir danseuse. Quand j'ai eu 10 ans, mes parents m'ont inscrite d'office au Conservatoire de Séville, sans même me prévenir. J'allais à l'école le matin et au cours de danse l'après-midi. Je n'avais même pas le temps de jouer à la poupée."

En enfant de la balle, Pastora assimile les codes mais aussi les clichés du flamenco jusqu'à saturation. Assez pour savoir ce qu'elle veut et ce qu'elle refuse. "Je n'aime pas quand on envoie des 'olé !' obligés, ou quand on dramatise le remate par un coup de projecteur. Laissons cela aux discothèques." Ou encore : "Une femme doit apprendre à exprimer sa vraie personnalité plutôt que de dissimuler ses carences derrière des frappes de pieds élaborées. N'importe qui peut apprendre à frapper des pieds."

En 2006, son frère Israel lui taille un spectacle à sa mesure, La Francesa, règlement de compte jubilatoire avec le stéréotype de la femme fatale. Une image de la passion espagnole et gitane façonnée par les récits des voyageurs français de la fin du XIXe siècle, à laquelle les Espagnols eux-mêmes se sont conformés au-delà de toutes espérances, folklorisant le flamenco, identifié par des œillets, des robes à pois, des femmes de caractère... Un spectacle où Pastora se paye même le luxe d'apparaître dans le maillot de Zidane pour danser la habanera de Carmen, terminant par un coup de tête dans la poitrine du chanteur ! Qui, à part elle, pourrait commettre de telles farces en toute élégance ?

Dans Pastora, elle laisse éclater son aisance, son évidence, sa gouaille, articulant des ruptures, cherchant par endroits la géométrie, l'angle aigu, les profils acérés, la suspension. Puis, rompt la distance par des cambrures osées, des mouvements ondulants des épaules et des hanches, par des coquetteries resurgies d'un temps archaïque. Une époque où les femmes laissaient apparaître la profondeur de sentiments qui, jaillissant de la taille, montaient jusqu'au visage, et qui se propageaient des épaules jusqu'à la pointe des doigts. Comme cette bulería dansée en blouse, talons plats et bas de contention, hommage à Triana Pura et à la spontanéité des fêtes de village, quand le chant et la danse étaient encore une respiration. Un flamenco libre et volontiers paillard, une chose de la vie, qui servait à dire une tristesse, à régler une querelle ou à faire une mauvaise blague. Telle est Pastora Galván : sensuelle et facétieuse, impériale et immédiate, experte de la grammaire et de toutes les exceptions. En un mot, flamenca.



Rocio Molina

Oro viejo

les 30 et 31 juillet

Palais Royal

Toute révélation artistique est un bouleversement des habitudes : cela, nul ne l'illustre mieux que Rocío Molina. En effet, pour incarner le renouveau du baile féminin, qui attendait une petite jeune femme blonde au visage poupin ?

À seulement 26 ans, à la tête de sa propre compagnie, elle s'est immédiatement imposée sur les scènes mondiales grâce à sa virtuosité époustouflante, mise au service de créations atypiques.

Est-ce le produit de sa folle allure ? Dans Oro viejo - "vieil or" -, pièce conçue pour trois danseurs, la danseuse examine la course du temps, faisant dialoguer présent et passé, mesurant la succession des saisons, l'approche de la fin et le désir de vivre pleinement un présent qui, par définition, ne fait que passer. Impressionnante de précision, mélange d'ingénuité, de sensualité et de puissance, Rocío Molina présente pour la première fois l'une de ses créations à Paris.


“Le temps ne passe pas, nous seuls passons" - cette phrase d'Igor Stravinsky pourrait servir d'exergue à Oro viejo, un spectacle qui aborde le thème de la fuite du temps avec un mélange d'humour et de mélancolie. On pourrait aussi s’étonner qu'il ait été conçu par une jeune femme de 26 ans, mais on le comprendra peut-être mieux si on observe la trajectoire fulgurante de Rocío Molina. Elle la résume en une phrase : "Je suis montée sur scène pour la première fois à l'âge de trois ans, et je n'ai pas arrêté depuis." Un formidable élan tempéré toutefois d'une observation : "Quand on est petit, on a moins peur des choses. Mais la peur augmente à mesure qu'on avance."

Rocío Molina est née à Málaga, la ville de gloires flamencas de la fin du XIXe siècle, comme Juan Breva, La Trini, ou El Canario. Son père est cuisinier sur un bateau de pêche ; sa mère, qui a arrêté à 19 ans sa carrière de danseuse classique à l'Opéra de Bruxelles, accompagne partout sa fille débutante. "Danser a toujours été une chose évidente pour moi, dit Rocío Molina, c'est sans doute ce qui me différenciait des autres." Enfant prodige ? Peut-être, mais surtout douée d'une prodigieuse envie. À 13 ans, elle a vite fait le tour de la centaine de peñas de sa ville natale, et trépigne d'appétit et d'impatience. Elle part pour Madrid, y intègre le conservatoire - dont elle sort avec les honneurs -, puis s'en va étudier à Granada, à Séville, à Jérez, absorbant tout ce qui lui est donné à voir : le folklore, l'école bolera, les classiques du répertoire espagnol... Au sein de la troupe de María Pagés, elle part en tournée au Japon, en France, en Italie, puis fonde, à 19 ans seulement, sa propre compagnie.


Pas un obstacle, pas un temps mort. En quelques années, elle remporte sans conteste une dizaine de prix prestigieux, fascine Londres, conquiert les plus sévères critiques de New York, époustoufle le public de la Biennale du flamenco de Séville, danse aussi bien avec Israel Galván qu'avec Belen Maya et Merche Esmeralda - "Je les avais vues au cinéma quand j'avais huit ans." Comment définit-elle son style ? "Traditionnel ou contemporain, c'est presque une fausse question à mes yeux. Le mieux, c'est le naturel où l'art grandit comme la vie doit grandir. Le flamenco est ouvert, il n'y a pas de limites à la façon dont il peut être interprété."


À quoi rêve une jeune danseuse à qui rien ne résiste ? La réponse peut surprendre : à la vieillesse, à la solitude, à la perte des amours. Pour préparer Oro viejo, Rocío Molina s'est d'abord engagée dans une période d'exploration. "J'ai commencé à observer les gens âgés dans la rue. Avant, je n'y faisais pas attention. Je voulais ressentir ce qu'ils ressentaient. J'ai mis de vieux habits, j'ai caché mon visage dans des écharpes, je me suis assise sur les bancs dans les parcs, et j'ai ralenti mon pas dans les rues. Et là, j'ai remarqué que personne ne me voyait plus. Depuis, je vois les choses différemment. Les jeunes passent leur temps à courir. Ils avalent le temps."

Le résultat est un spectacle plein d'audace, qui navigue entre passé et avenir et alterne les compositions contemporaines du guitariste Paco Cruz avec des enregistrements d'anthologie qui grésillent comme la radio du salon poussiéreux d'une grand-mère. Émouvants et emportés, les tableaux se succèdent, révélant la maîtrise d'une danseuse explosive et multiple, mais aussi l'inspiration d'une chorégraphe attachée à la théâtralité, utilisant avec liberté et fraîcheur les possibilités du costume, du groupe, de l'androgynie, du mélange des ambiances et des instruments.



SistemaTango / Ensemble de cuarto

les 27, 28, 30 et 31 juillet

Palais Royal

"Il se trouve que l'appellation "Système tango" désigne également un modèle économique utilisé pour la comptabilité des entreprises.Et il y a bien quelque chose d'économique dans la formule élaborée par l'ensemble Sistema Tango. Car l'économie n'est pas simplement une question d'argent, c'est aussiune façon de mettre les choses en ordre. Dans le cas présent, il s'agit d'une forme radicale d'organiser le son." Pedro G. Romero Le tango de Piazzola colore flamenco, avec un piano droit, une guitare, un cantaor, un palmero et un saxophon ? Des letras

Ecrites par Borges ou Benedetti, rythmées par des palmas ? C'est la frange  expérimentale du flamenco qui se fait entendre au Palais Royal. En invitant la violence initiale du tango argentin à retrouver l'énergie andalouse, l'ensemble Sistema Tango propose une nouvelle écoute des rythmes et des harmonies, des héritages et des avancées les plus récentes. Lancée par Pedro G. Romero, historien d'art, plasticien, artiste à tous les effets et directeur artistique des spectacles d'Israel Galvan, cette toute nouvelle formation qui croise flamenco et tango a impressionné le très conservateur public sévillan. Deux de ses membres, le chanteur Tomas Perrate et  le saxophoniste Juan M. Jimenez, sont originaires de la ville d'Utrera, qui forme, avec Lebrija et Jerez, le célèbre triangle des hauts lieux du flamenco gitano-andalou. Formé à  l'école classique au conservatoire de la ville, le saxophoniste Juan M. Jimenez a très vite diversifié son répertoire,voyageant de Paris à La Havane, et travaillant aussi bien le tango que les compositions de Mauricio Sotelo. Le chanteur Tomas Perrate, lui, a suivi un chemin bien moins rectiligne. Fils d'un chanteur de flamenco reconnu, il voulait faire du rock, il aimait la batterie et la guitare électrique. Après un long moment de résistance, il sera obligé de serrendre au flamenco, qu'il a malgré lui dans la peau. "J'étais coiffeur pour dames depuis vingt ans. Un jour, à un mariage,je me suis mis à improviser un chant, et quand j'ai levé mes yeux, ils étaient tous en train de pleurer de surprise et d'émotion." Suit un efficace subterfuge de son frère : chargé d'enregistrer un disque de flamenco pour les fêtes de Noël, il prétend avoir besoin d'un guitariste pour accompagner des chanteurs. "Mais quand je suis arrivé au studio, il n'y avait personne. Mon frère m'a dit que je devais enregistrer immédiatement, et qu'il me pousserait à chanter. Je n'y croyais pas trop. Je suis allé chez un ami pour m'enregistrer sur un ordinateur bas de gamme. Quand j'ai écouté ma voix sans aucun arrangement, j'ai compris que j'étais bon pour ça. Je suis encore coiffeur. Heureusement, ma femme m'aidé beaucoup dans l'organisation. " Pour Sistema Tango, les deux utreranos sont rejoints par le pianiste argentin Daniel B. Marente et par l'unique Bobote, maitre du compás et palmero d'exception qui peut même se payer le luxe de donner ses masterclasses en pyjama

De soie et charentaises de cuir. Son style, son panache, la classe de ses pataítas ont même inspirés un verbe a ses nombreux admirateurs : "bobotear".



Inés Bacan

Les Liens du chant - Récital flamenco

le 7 août

Eglise Saint-Eustache

Inés Bacán est née en Andalousie dans une dynastie gitane flamenca de longue tradition, celle des Peña de Lebrija, ou Pinini, du surnom de l'ancêtre chanteur.

Si elle a attendu de longues années avant de chanter, elle y a gagné un pouvoir : celui de se faire entendre avant même d'ouvrir la bouche. Tout en pudeur et en intériorité, elle scelle d'emblée un pacte silencieux avec le public, qu'elle invite à une traversée vers un autre temps, celui de l'intériorité. Sa lenteur particulière, sa voix forte mais retenue, rencontrent naturellement la profondeur des siguiryias et des soleas, les chants graves du cante jondo. Sans apprêts ni surenchère, elle touche le spectateur au plus juste, lui envoyant une sincérité à vif, modulant les mots jusqu'au sanglot, improvisant avec expertise sur les structures de base, ou jouant avec les silences qu'elle connaît aussi intimement que la musique.


Inés Bacán a grandi entourée de maîtres de chant, elle est l'arrière-petite-fille du légendaire Pinini, petite-nièce de la Perrata, nièce de Fernanda et Bernarda de Utrera, cousine d'El Lebrijano, soeur du défunt guitariste Pedro Bacán. Mais elle n'a commencé à chanter publiquement qu'à l'âge de 38 ans. "Dans ma famille, si tu ne chantais pas bien ou si tu n'étais pas gracieux, personne ne te prêtait la moindre attention. Et moi je n'étais pas gracieuse." Pour cela, ou parce qu'elle considère le chant comme "une longue conversation avec moi-même, que parfois d'autres peuvent comprendre", Inés se tait. Un soir de fête, après trente-huit années de silence, elle délivre un chant por solea qui laisse toute la famille stupéfaite.

Le seul fait d'être né dans le flamenco ne suffit pas à faire de chacun un artiste. Il faut, selon les anciens, une sensibilité particulière et une intégrité rare pour être à même de transmettre.

Il faut aussi, ajoutait Pedro Bacán, cette part d'inquiétude créatrice, cette conscience du dépassement de soi, ce consentement à la solitude, si on ne veut pas simplement reproduire l'art qui vous a été légué mais le porter à d'autres envergures.

Pressentant l'extraordinaire personnalité de cantaora de sa sœur, Pedro Bacán la révèle au public un soir de 1992 au festival d'Avignon, dans son spectacle Nuestra Historia al Sur. C'est le début d'une carrière atypique, fondée d'abord sur une complicité et une confiance fraternelle. En duo avec son frère ou avec la totalité de la compagnie du Clan gitan des Pinini, Inés accède aux grandes scènes internationales : l'Opéra Garnier (pour Paris quartier d'été), la Cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon, la Biennale de flamenco de Séville...

En 1997, Pedro Bacán meurt dans un accident de voiture. On peut être veuf ou orphelin, mais il n'existe pas de mot pour qualifier celui ou celle qui a perdu un frère adoré... Inés rend hommage à Pedro en interprétant la Misa Flamenca qu'il avait créée quelques années plus tôt. Lourdement choquée, privée de son âme directrice, de son compositeur et leader artistique, la compagnie décide de se dissoudre.

Lancée par Pedro, la carrière d'Inés prend son envol. De Göteborg à New York, en passant par Casablanca, elle se produit dans des manifestations internationales majeures. Ses disques sont primés. On la trouve aux côtés des plus grands artistes de flamenco - notamment Israel Galván, qui la sollicite pour Tabula Rasa et El Final de este estado de cosas. Pourtant, elle continue d'incarner la parole contenue et explosive des plus silencieux, mélange de colère et de tendresse, de mélancolie et de feu, peut-être ce que Maeterlinck appelait "le trésor des humbles". Une autre histoire de silence, qu'il racontait ainsi : "Si je vous parle en ce moment des choses les plus graves, de l'amour, de la mort ou de la destinée, je n'atteins pas la mort, l'amour ou le destin, et malgré mes efforts, il restera toujours entre nous une vérité qui n'est pas dite, qu'on n'a même pas l'idée de dire, et cependant cette vérité qui n'a pas eu de voix aura seule vécu un instant entre nous, et nous n'avons pas pu penser à autre chose. Cette vérité, c'est notre vérité sur la mort, le destin ou l'amour, et nous n'avons pu l'entrevoir qu'en silence."





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