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¿Por qué cantamos ? Cela veut littéralement dire pour quoi nous chantons et non pas pourquoi nous chantons. En français cela ne sonne pas terrible, il faut aller au-delà pour comprendre que ce n’est pas pour justifier le spectacle que Rocío a choisi ce titre. C’est bien plus pour affirmer ce qu’elle chante. Elle commence par une Granaina invertida, une granaina inversée oú le phrasé de la guitarre remplace celui du texte, du poète Benedetti dans ce cas, avant de poursuivre par des chants populaires de Aroche et de boucler par des fandangos sortis de son enfance. Un vrai chemin inversé empreint de sa douceur et de sa maîtrise aussi bien que de celle de Miguel Angel Cortés, qui jouait en ses terres. Soutenus juste ce qu’il faut par le compás de Los Mellís et la juste parfaite percussion de Agustín Diassera. Comme tout le concert d’ailleurs. Tangos et clin d’œil à Morente, mais aussi à Federico García Lorca, à Teresa de Jesús, à Shakspeare. Et de poursuivre en nous expliquant qu’elle chante parce que c’est sa façon de comprendre la vie, sa façon d’entendre le respect, sa façon de rendre hommage, sa façon de la sentir… Otra Rosa, Trovo, de Juan Ramón Jiménez, José María de Lepe et puis de José Tejada… Chocolate con pan, de son ami Daniel Olmos et puis Romance à Córdoba de Pastor Poeta et José Tejada Martín bouclent la partie traditionnelle. Puis vient la rupture, osée, pas comprise de tous… Nous partons sur un terrain expérimental, fort intéressant, mais fort discutable pour les puristes et sur lequel nous n’attendions pas forcément cette dose d’audace de la part de Rocío. Entre sur scène el Niño de Elche, que nous connaissons pour son côté engagé et sa vision non conventionnelle pour certains du flamenco. Une table haute et une boîte « infernale ». Les deux artistes se mettent face à face. El Niño de Elche se lance…
Dios mío Dios mío ¿por qué me has abandonado?
Soy una caricatura de hombre.el desprecio del pueblo
Se burlan de mí en todos los periódicos
Me rodean los tanques blindados
Estoy apuntado por las ametralladoras
Y cercado de alambradas.las alambradas electrizadas
Todo el día me pasan lista
Me tatuaron un número
Il joue sur les sons en une polyphonie diphtonique à laquelle répond Rocío avec justesse et parfois les chœurs de Los Mellis. Nous sommes en complète évolution et sur un chemin expérimental, je le répète, expérimental… mais c’est beau, cela rappelle Morente et c’est beau. Le texte est Salmo 21 du poète nicaraguayen Ernesto Cardenal. Et sans pause, juste quelques instants pour laisser repartir Niño de Elche, Rocío part por Seguiriya ¿Por qué cantamos ? Poème de Benedetti. Un cante court, dans les règles, en contraste avec la performance mais aussi dans la continuité… un message à saisir au vol. Et le spectacle touche à sa fin avec une salle heureuse et qui la rappelle, certains un peu choqués encore. Fandangos naturales pour les bis…
Fandango ¿dónde has nacio
que to el mundo te conoce?
yo nací en un rinconcillo
que Alosno tiene por nombre
dónde le dan al "dejillo"
M. Morillas
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Rocío Márquez
Por qué cantamos
16 mars
Teatro Alhambra