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Autre lieu, même spectacle, même plaisir !

Nous voilà à Troinex, dans une Salle de Fêtes moderne, transformée en Temple de la danse au cœur d’une soirée glaciale dans le cadre du Festival Antigel, 2ème édition… En fallait-il plus pour planter un décor différent ? Peut-être…

C’est aussi pour cette raison, que je prends la plume, pour que je puisse exprimer avec des mots autres que ceux de mon collègue et surtout, parce que moi je ne me souviens pas de ce Vinática Nîmois d’il y a, à peine, deux semaines.

Mais voilà, il y a une passerelle au fond de la scène, je distingue des personnes entre les projecteurs étains, juste lá-haut ! Oui c’est Rocio et ses musiciens, ils parlent, sans doute tuent le temps et calment les tensions, puis cela commence, c’est un verre à la main que Rocio nous salue… oui Vinática… eh, il y a même « una barra », ah c’est en quelque sorte une histoire de bistrot à l’espagnole, non pas une auberge, un estaminet…

Rocío, m’a déjà emporté, je n’écoute plus, je subis. Peu de lumière, réveille mes autres sens, j’écoute, je devine, je souffre et me laisse pénétrer jusqu’à la lie de ces mouvements mélancoliques, aériens mais brusquement enracinés, le flamenco est bien là, stylisé mais non, classicisme ou modernisme ? Incontestablement les deux. L’un pour sa forme et l’autre pour son exécution, s’interchangeant tout au long du spectacle. Mais toujours cette atmosphère mélancolique donnant sa dimension peut-être intellectuelle au pourquoi de Vinática.Verre brisé ou rêves cassés ? Sombrons dans les hypothèses jusqu’à en ressentir le côté arabisant de cette « zambra » qui décroche la lune éclairée de Federico sur les hauts du Sacromonte grenadin par une nuit étoilés. Sentons le souffle de Rocío caresser le temps suspendu d’une grâce certaine, mais écoutons ses pieds, « zapateando » et qui brisant comme un poignard doré, serti des plus beaux diamants, traverserait en une déchirure indélébile l’innocence passée. Oui Roció, avance vers le comptoir et règle tes comptes avec tes acolytes, tape sur la « barra », renvoie, reprend, donne et virevolte en une ritournelle pleine d’expressions tantôt soléa, tantôt bulerías, saveur de siguiryia et tanin de Vinática…

Je sais, on peut me reprocher de ne pas vous avoir raconté que Trassiera fut exceptionnel, que Carmona chante « puro », que Ramos… que…

Est-ce vraiment ce pour quoi je devais écrire… ???

Moi j’écris parce que je sens ce que mes tripes ont souffert, que mon esprit avait faim et que maintenant, je repars avec ce petit lutin indicible qui à un moment précis de cette soirée, au demeurant magnifique, s’est transformé en « avocat du diable », pour me demander de comparer, de codifier, de classer… oh j’ai bien failli céder… mais Non !!!

Rocío à 26 ans est une enfant issue du flamenco, seule elle sait par où elle va et ce qu’elle veut, c’est cela qui compte… Rocío sigue por ese camino que es el tuyo !

Cuando la luna se pone sus zarzillos de coral…

M. Morillas

Galerie photos : Festival Antigel Genève, Rocio Molina cliquez ici

© Joss Rodriguez

Rocío Molina

Vinatica

6 février 2012

Salle des Fêtes, Troinex