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Articles et reportages 2007
ENRIQUE MORENTE
Vendredi 27 janvier 2007, 21h00, Théâtre de Nîmes
Enrique Morente (chant), David Cerreduela (guitare), Jose Manuel Ruiz Motos (palmas),
Angel Gabarre, Pepe Luis Carmona(chœurs & palmas)
Le petit feuillet distribué à l'entrée en salle par le théâtre disait :
Enrique Morente, c'est d'abord une mémoire prodigieuse, un désir intact d'écumer son territoire intime sans en être captif. Pour lui le flamenco n'est pas un monde clos, mais une clé ouvrant sur toutes les musiques. Artiste en mouvement, il met en musique les poèmes de Miguel Hernandez, Lorca, Alberti, triomphe avec des orchestres symphoniques, compose pour le théâtre, le cinéma… Il se produit rarement en France.
Et ce fût vrai, les premiers instants, ces cinq hommes là debout, au fond de la scène, formant un cercle ouvert vers le public…à compás de bulerías… je me voyais en spectateur improbable et voyeur, transporté au Mirador de San Nicolàs là-bas, en face de l'Alhambra, dans une aube grenadine faite de rouges et de pourpres… accentuée par la chemise rouge du maestro se tenant au centre. Ce qu'il y a d'extraordinaire c'est que le maestro chante certes avec toute sa sensibilité et son savoir, mais aussi qu'il se réinvente le chant. Vient ensuite dans un tableau noir blanc des chants de Cadix…cantiñas, mirabrás le tout embelli par les cœurs, une guitare sensible et dosée juste ce qu'il faut. Le tout soutenu par une percussion juste et non omniprésente comme on peut le subir parfois. Plusieurs images défilent dans mon esprit. J'entends presque le murmure de l'eau des fontaines de l'Alhambra en bruit de fond… Des textes empreints de poésie, le tableau prend vie et devient un être à part entière. On croirait planer dans les sierras puis comme pour nous rappeler que toute chose a une fin, vient sonner le pequeño reloj por taranto… tic...tac…tic…tac, on se sent plus profond, plus solennel, soleá puis siguiryia transpercent l'âme… mirador de San Nicolás…un cercle d'hommes, le maestro au milieu …por tonás. Puis le réveil, brutal, chaud, une pluie d'applaudissements tombe comme un orage sur Nîmes, les pieds tonnent, on croirait voir des éclairs…et au maestro de revenir dans le bleu du matin avec toute l'énergie du tango… Lorca si de là où tu es tu voyais ! La journée déroule ses heures, le temps s'accélère…bulerías….l'après-midi s'installe…fandangos…ainsi va la ronde, merci maestro, ce n'est pas la fin du monde !
J.M. Izquierdo