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Articles et reportages 2012
Scène nue, sans décorum, la salle se remplit tandis que l’on aperçoit du fond des coulisses Rocío assise, ses musiciens… Obscurité, solitude de verre brisé, elle boit un verre plein et soudain prend vie, bouge et titube, non elle ne titube pas elle boit, le chant à palo seco de Carmona el de Los Palacios, Celui qui joue aussi de la mandoline. Su cantaor de vinática. Solitude et obscurité comme si dans les bas-fonds, peut-être ceux de la solitude le vice s’enracinait. En contrepartie, mouvements décomposés et tellement flamencos à la fois nous mènent au-delà des frontières que nous osons imaginer. Rocio nous montre comment on rythme la solitude et la frénésie, comment on noie l’obscurité, comment on brise les codes avec grâce et tellement d’à-propos que l’on en boit jusqu’à la lie. Tout est tellement décalé, mais à sa place qu’il est difficile de comparer. Il faut juste subir, ouvrir yeux, oreilles et même l’odorat pour sentir monter en soi cette détresse joyeuse si flamenca. Alegrías à su manera, mais toujours avec un goût rancio. Puis il y a le tambourin lumineux, comme une lune dansant entre ses braceos, elle trace des sillons de vie alors qu’elle poursuit de ses mouvements anachroniques et cadencés, vient de nouveau l’obscurité. Assise au fond à gauche de la scène alors que je lis « défense de fumer », elle boit, ce n’est pas interdit de boire non ? Non ! Mano à mano entre danse et percussion sur un élément savamment étudié et placé du côté droite de la scène. Et d’ailleurs, le public lui aussi boit, il boit et en redemande, mais Rocio n’a-t-elle pas brisé le verre de son pied droit tout à l’heure ? Si, si je l’ai entendu, je l’ai vu et au sol je l’ai même senti, alors qu’il crissait sous ses chaussures. Rocío tourne comme une horloge sans cadran, à contratiempo, peu importe, elle tourne et virevolte de grâce dans un monde qui est le sien et même si ce n’est plus tout à fait le flamenco des puristes, c’est celui de Rocío et c’est bien celui que la salle comble est venu voir. On ne se soûle pas d’obscurité, de braceos et puis les formes du flamenco n’ont pas de limites pour cette petite étoile au tambourin lumineux qui sait s’approprier le Monde tel qu’il est aujourd’hui.
Dibujame una oveja
Principita dame luz de Estrella
La suerte que no tengo
Es porque se la llevó la botella
Esa mísma que navega por los mares grandes
Hasta que me llegue la suerte
De no perderme otra vez
J.M. Izquierdo
© Joss Rodriguez
Rocio Molina
Vinatica
21 janvier 2012
Théâtre de Nîmes
Résumé Flamenco-world
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Dossier de presse Festival Flamenco de Nîmes 2012 cliquez ici