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Prenons pour exemple qu'il est l'heure de se dépoussiérer, énergiquement, bruyamment, frénétiquement. S'enlever le poids du chemin parcouru comme on archive des dossier, se détacher de la vision des autres selon notre propre perception, se voir autrement dans le regard des autres, se réfracter pour de nouveau se refléter. Nul raison d’annihiler le passé, il est la preuve de notre existence. Juste le valider, le modifier et en garder la substance. D'ailleurs, dans ce spectacle intervient le tanztheater, le flamenco, la narrative moderne et même un soupçon de dystopie et de masochisme. Au début fut le silence, Eva se refuse aux questionnements oppressants et perturbateurs. Elle est emportée, telle une poupée avec les bras en tendu, une croix, par Juan Kruz Dias de Garaio qui la défait de sa robe grise et lui change le costume. La robe grise et désormais pour lui. C'est ridicule, reflets por de soleá con romances y bulerías, tangos divers y jaleos, nanas, siguiriyas y cabal. Rythme et libération, noirceurs et lumières, puissance tellurique et ire du « je ». Mort simulée, procession sont une toile de fond du cycle vital. Que quelqu'un la coiffe ? Eva choisi, dans le public, reprise ou assimilation de l'oeil qui observe et fait le bilan. La-bás, sur la gauche de la scène se passe la fête, de la musique flamenca, insouciants du public, c'est perturbateur, intrigant, Paco Jarana joue de la guitare magnifiquement bien, tandis que Miguel Ortega, Jésus Corbacho et Antonio Gómez « El Turry » se complémentent divinement dans leur singularité au cante. Accompagnés de Daniel Suarez à la percussion et José Manuel « Oruco » aux palmas et quelques pas de danse dans le déroulement de la performance. Ils seront tout de même perturbés, à tel point qu'ils lancerons des draps du passé pour souiller et contaminer, ils sont les autres, ceux qui jugent et qui peuvent te mener au trou. Il y a cet intermède de Pilar Almalé chanté tout en douceur et mélismes, une berceuse qu'elle interprète à la viole de gambe. Il y a ce Juan Kruz, perturbateur , entre juge et bourreau, toujours au coeur de l'événement, pour nous les voyeurs. Il nous balance le direct en plein milieu des musiciens, en poursuivant Eva, un oeil qui offre le repas au monde pour le nourrir comme on remplit un assiette à la cantine, oppression presque répression, C'est que depuis notre entrée dans la salle il était là, en bord de scène, assis sur sa chaise à ne rien faire, juste nous observer, juste nous perturber. Et puis le cri libérateur, Eva a survécu à cette fausse réfraction. Je n'en peux plus crie-t-elle. Elle a compris, que c'est le moment, c'est la fin des autres. Elle est au clair, elle ne prendra pas la place sur cette chaise en bord de scène, non, elle va remplir une nouvelle page de sa vie, de nos vies.
“El ojo que ves, no es ojo porque tú lo veas; es ojo porque te ve”. Antonio Machado
M. Morillas
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EVA YERBABUENA
Re-fracción (desde mis ojos)
17 janvier
Théâtre Bernadette Lafont