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Articles et reportages 2018
Attention, ceci n’est pas un spectacle de flamenco traditionnel. C’est une œuvre intime mais pas une fiesta andalouse. Cela choque, beaucoup. Cela dérange, beaucoup. Cela torpille certaines expectations, oui beaucoup. Même les habitués au travail d’Israel Galván y perdent leur latin. Mais pourquoi ? C’est cela peut-être une des clés. Trouver son chemin dans la routine et les codes préétablis est somme toutes une chose facile. On l’accepte, cela fait partie de la masse et s’inscrit dans l’adn d’une société. Mais qu’en est-il quand la somme de tout est le résultat d’un chemin plus que celui d’une société ? Qu’en est-il quand cela est vu par des yeux d’enfant et traduit dans leur monde. Qu’en est-il de toutes ces influences à la fois additionnées au vécu personnel d’un artiste international ? En fait La Fiesta c’est tout cela, un condensé de fête intimiste qui nous parle de son flamenco. Celui que l’on dit de racine, celui nourricier, celui qui est venu de lá-bas, de l’Indus. Celui qui enfant l’a empêché de jouer comme les autres. Celui de la fête et des gens égarés ou saouls qu’il voyait au tablao alors qu’il attendait pour être exhiber et transformer son flamenco en argent sonnant et trébuchant. Celui pour lequel il a composé et qui l’a fait devenir artiste. Il le connaît bien son flamenco, il connait cette danse, cette musique, ces sons, ses rythmes. Plus que ce que peuvent dirent les paroles, ou vouloir les puristes. D’ailleurs ce flamenco, qu’il connaît, se situe toujours dans un terrain dangereux, capable de s’effondre et de renaître. C’est que le temps nous l’a appris, il est défendu, toujours par un super héros, le duende. Capable de le faire digérer à Niño de Elche qui en perd sa constipation, il peut même l’accoucher dans des douleurs extrêmes, en mourir, se faire le mur ou voir s’en sodomiser dans les dernières scènes. Il y a la danse utérine et couchée, ou est-ce celle de l’enfant qui reproduit couché sur le sol par commodité ? Ah celle du petit Israel qui dort, et puis qui va à la lumière, se secoue les bras et fait tomber les pièces ? Compliqué tout cela, c’est comme ces dames qui chantent sans paroles, ces rythmes frappés dans les mains qui sont rien, ou du flamenco, ce Emilio qui ressemble à un indien et qui joue « desafinado », mais que l’on sait ce qu’il joue pour la pauvre pleureuse. Et ce gars en occidental qui joue de boites magiques avec des sons envahissant, inquiétants et finalement c’est rasant… énervant, insupportable. Et puis il y a la machine fatale qui donne une réponse spatio-temporelle, un point vrai entre chants diaphoniques, psaumes, onomatopées, pleurs, hébraiques ou arabes et comptines suggérées… preuve finale entre chants grégoriens et marque de religiosité occidentale, la croyance du territoire final, un jambon, ou du moins l’os, électrifié, violon qui devient guitare et une terrible machine à bruit qui simplifie peu à peu les rythmes et qui ralenti la cadence pour qu’elle perdure… adn de pata negra, certifié 1oo% La Fiesta. Au compás comme une locomotive, le frottement des pieds, Caracafé joue du jambon, le monde tourné, l’espace est parmi nous ou en enfer, damnés nous sommes… La Fiesta… au loin Bobote s’essaye à une Sevillane, Niño de Elche subit des perversités, Uchi chante ce qu’elle sait, d’autres on ne les laisse même pas et d’autres peuvent tout faire. Tout s’écroule por farruca, sonne por siguiriya et a des relents de soléares, rien ne se fige, tout bouge vit et gémit, c’est la fin, l’enfer ou le paradis, super-héros ou Alien, rouge ou orange, chaleur ou flammes, quel surdose, quelle overdose, drogue ou poison, cette folle sur la chaise, sans doute… et le public maintenant doit partir à Sa Fiesta… ils ont pas tous l’air bien heureux… d’ailleurs ceux qui voulaient être à l’heure sont partis avant la fin… Une petite transe ? Une juerga ?
On remet ça quand tu veux hein Israel, d’ailleurs notre photographe y est retourné deux fois et il dit qu’il en veut encore car il a pas tout vu. Pffff, il devait être dans la lune… ça lui arrive après des fiestas, on appelle cela la « resaca »…
No hay camino porque son varios
No hay verdá porque son enfoques
No hay más, ni menos
Hay que ser porque ser es sobrevivir
Sobrevivir es ser
Ser?
-Ea, vámonos de juerga con otros seres…
Poco sé pero si es bueno puede valer
Prevaler, zurca la luna por la vega
M. Morillas
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Dossier de presse Festival Flamenco de Nîmes 2018 cliquez ici
Israel Galván
La fiesta
19 et 20 janvier
Théâtre Bernadette Lafont