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Articles et reportages 2016
En ce froid 15 février nous recommençons le cycle FLAMENCO VIENE DEL SUR au Teatro Alhambra de Grenade. Le premier spectacle, qui malheureusement avait dû être annulé pour lésion de l’artiste l’année passée, est à la charge de Rubén Olmo. Celui-ci tout à la fin de la soirée, l’a expliqué et s’en est excusé ce qui lui a valu un soutenu applaudissement d’un théâtre comble, preuve qu’à Grenade ce cycle est suivi et que ce spectacle était attendu. C’est que Rubén Olmo est Premio Nacional de Danza. Il a de plus dirigé le Ballet Flamenco de Andalucía. Certes, le public présent savait qu’il ne venait pas voir du traditionnel, c’était d’ailleurs que certaines têtes des habitués que l’on a croisé, ceux qui ont une certaine ouverture sur le « contemporain ».
Nous le savions, et c’est ainsi que nous nous sommes préparés pour aller voir ce spectacle. Nous avons d’ailleurs passé un bon moment et le violon d’Alexis Lefèbre, la percussion d’Agustín Diassera, la guitare de Pedro Sierra, tout comme le cante d’Antonio Campos nous ont ravis dans ce contexte qui aurait pu être hasardeux au prime abord. Il s’agit en fait d’une œuvre qu’il faut voir plus qu’expliquer. Ce sont les dernières heures d’Edgar Allan Poe, c’est la confrontation dans un monde flamenco-contemporain des tentations et des angoisses, des peurs et des contradictions. Le spectacle commence, voix off représentant Poe… Des rideaux blancs, une chaise à bascule, une lampe projetée, nous sommes dans la chambre de Poe… il est là dans le fauteuil, et puis Rubén interprète seul. Il y a un sacré travail d’acteur et de dramaturge. Dans les mouvements, dans la « torture » qu’il transmet, l’imitation de l’état alcoolisé, dans sa solitude et sa souffrance que vient en quelques occasions « calmer » Sara Vazquez, représentant sa « Lénore ou Virginie » ou peut-être la mort. La mort, il l’attend, il la rêve même pour nous la danser en bata de cola por siguiriya et « le Corbeau » en projection. C’est ensuite dans une lutte finale et avec la partie la plus complète que les élèves de l’école de danse de Lucía Guarnido viennent danser en forme de ballet, et puis la mort enfin arrive, et il retrouve sa « Lénore », Le passage, comme le chat blanc qui passe… rentre dans la tempête!
Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, - jamais plus !
Délires d’Amour et de Mort…
A Baudelaire (pour la traduction du poème du Corbeau)…
M. Morillas
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Ruben Olmo
Las tentaciones de Poe
15 février
Teatro Alhambra